jeudi 8 février 2007

JUSTE UNE FOIS


JUSTE UNE FOIS

Ecrit et réalisé par Bobcat Goldthwait

Avec Melinda Page Hamilton, Bryce Johnson, Geoff Pierson, Colby French...

Sortie le 21 février 2007



Amy est une jolie jeune femme comblée par une famille aimante et un fiancé très épris. Les problèmes surviennent lorsque ledit fiancé insiste pour qu’ils partagent leurs plus intimes secrets, ceux qu’ils n’ont révélés à personne d’autre. Mais en révélant son plus lourd secret, Amy voit son univers s’écrouler…

Petit traité sur l’éloge du mensonge


Dans une Amérique puritaine et croyante, où les valeurs judéo-chrétiennes font rage, il est de bon ton entre futurs époux d’être parfaitement honnêtes et authentiques, afin de ne pas dévoyer les valeurs sacrées du mariage. Amen ! On oppose d’ailleurs ordinairement la sincérité à l'hypocrisie et au mensonge, termes qui ont une connotation négative au plan moral. Kant, dans l'opuscule Sur un prétendu droit de mentir par humanité, va même jusqu’à défendre l'universalité du devoir de vérité. Il continue en ajoutant que si l’on ne dit pas la vérité, on commet une injustice envers la morale. Morale fondée par l’homme, œuvre de sa raison et qui le distingue de l’animal. Agir contre la morale c'est donc porter atteinte à l'humanité elle-même. Dès lors le mensonge (même par omission) nuit à l'humanité et donc à autrui. Ce même mensonge le réduit à l’animalité aussi (nos amis les bêtes).
La position de Kant nous semble aujourd'hui insoutenable. En réalité, nous savons bien que tout dépend des circonstances et que la règle morale appliquée universellement, ici, le serait aveuglément.
Juste une fois invite donc à bien réfléchir et parfois à favoriser le mensonge. A quoi cela sert-il en effet de se flageller et de s’envoyer au pugilat, pour une erreur…de jeunesse ? Pour que 30 millions d’amis ne devienne pas 30 millions d’ennemis, il semble parfois préférable de taire certains pans de sa vie…

Sur les traces de J.W.

Juste une fois
est un vrai régal et ce, dès la première scène ! L’âme de John Waters y insuffle son énergie, entre le trash choquant et le carrément décalé. Celle qui fait sourire, voire rire, qui gêne ou fait grincer. En un mot, de l’esprit très, mais alors vraiment très mal placé. Génial me direz-vous ! Mais comme le titre français l’indique, la transgression initiale ne sera que l’unique moment politiquement très incorrect du film. Car malheureusement ce dernier dérape et n’arrive finalement pas à éviter l’écueil de la comédie sentimentale simplette aux rebondissements sirupeux. Avec parfois même, un étrange oscillement vers la gravité et la tragédie.
La carte de l’humour n’est alors pas suffisamment exploitée. C’est bien dommage. D’autant que ce premier film, tourné avec une caméra numérique pour quasiment rien, part d’un postulat scénaristique simple et pourtant très efficace : toute vérité est-elle bonne à dire ? Doit-on tout partager avec son conjoint, même les pires choses que l’on ait commises ? Le spectateur, complice forcé d’Amy, participe alors avec hilarité à l’enchaînement de réactions qui suit l’aveu de l’abominable !

On retiendra la prestation des acteurs, tous de formidables inconnus, et surtout la pétillante et malicieuse Melinda Page Hamilton, dont le visage angélique détonne avec ses actes, disons…euh, crades !
Cette comédie délibérément très incorrecte torpille les valeurs de l’Amérique actuelle, puisqu’on s’y drogue, on y jure, et surtout, on y…(BIP). Cela séduira évidemment. La fraîcheur qui s’en dégage séduira encore plus et laisse entrevoir un bel avenir au renouveau du cinéma indépendant américain.
Et nous, on préfère ne pas vous mentir : si vous n’allez pas voir le long-métrage de votre vie, qu’il est bon d’assister à un film-ovni à l’humour débridé !

VG

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